Le cliché veut que notre société soit ultra compétitive, changeante, rempli d’informations. Nous nous adaptons, apprenons, évoluons, changeons nos méthodes et réflexes en un éclair. Débarqué de l’est profond, la pensée ‘kaizen’ nous observe, et si je devais la représenter humainement, elle prendrait les traits d’un homme sans âge assis sur le rebord du murée en face de ma porte d’entrée. Jour après jour il serait là, assis me regardant installé dans un sourire paisible. Mais c’est qui au juste ce Kaizen?
Kaizen ça veut dire quoi?
Une rapide recherche sur mon dictionnaire en ligne préféré m’indique que ‘kaizen’ est la fusion entre deux mots japonais : ‘kai’, qui signifie ‘changement’ et ‘zen’ ‘meilleur’. Mais encore?
Kaizen c’est quoi?
J’apprends aussi que que ce n’est pas un outil. Ce n’est pas une méthode ou une organisation prête à être reproduite. Le Kaizen est une philosophie dont le concept aurait été utilisé au sortir de la deuxième guerre mondiale, alors que le peuple Japonais avait à sortir la tête de l’eau pour penser à reconstruire.
Philosophie de la ‘corvée d’entraide’?
Cette philosophie / activité « s’apparenterait à la « corvée d’entraide », où un groupe d’individus s’entraide pour rapidement passer au travers d’une problématique. »
Et là mon imagination s’envole. Je vois ces jeunes étudiants (environ 8 ans) distribuer eux-même le repas dans leur classe à midi, chacun ayant un rôle, puis après avoir mangé dans la bonne humeur, ils débarrassent bols et miettes, balaient le sol, lavent les tables, font la vaisselle sans l’intervention du professeur.
Surprise par ces gestes, je ne comprends pas cette scène sur le coup.
J’image aussi une ville au sortir de la destruction d’une bombe, partagée entre pleurs, peurs, et l’envi de redresser la tête coute que coute pour demander à son voisin comment il va et lui porter secours. Je me demande : si chacun fait un geste pour tenter d’améliorer cette ville de gravas, à quelle vitesse la vie reprendrait?
Même si le Japon ne correspond qu’à 0,28 % de la superficie terrestre, le pays est le site de 18,5 % des séismes de magnitude 6 ou plus. Autant dire que tous les ans, chaque japonais subit plusieurs secousses dont la plupart laissent que peu de dégâts car le Japon a appris à vivre avec (constructions antisismiques, gestes de survie appris et répétés à l’école ou en entreprise, kit de survie obligatoire, éducation constante, …).
Tout ceci pour me rappeler la réalité des japonais : vivant sur plusieurs failles sismiques en activités, ils ont du s’adapter naturellement à leur milieu et pour s’en sortir sans trop de casse, chacun doit veiller sur son voisin, c’est-à-dire la société, au quotidien.
C’est sans doute ce que ces écoliers essayent de transmettre : apprendre la « corvée d’entraide », où comment un groupe d’individus s’entraide pour passer rapidement au travers d’une problématique.
Kaizen dans l’entreprise
La méthode ‘kaban’ et le diagramme de Pareto, utilisée entre autre dans la gestion de projet, seraient nés des antres de cette philosophie Kaizen.
Simplification des flux, amélioration de la qualité, amélioration des délais, amélioration de la productivité, amélioration des conditions de travail, cette philosophie sans âge pointe le bout de son nez dans tous les services d’une entreprise pour observer, reporter, agir.
Les détracteurs de cette méthode insisteront sur le fait que appliqué sans se pencher sur la pensée à l’origine du concept, l’entreprise s’automatise parfois en produisant plans, méthodes, tableaux, … oubliant peut-être parfois que seule la présence de tableaux et diagrammes se suffisent pas à faire entrer l’entreprise dans un cercle vertueux d’amélioration vers le succès.
Kaizen? Laisser l’homme observer et agir
L’essence du Kaizen est au delà de la méthode. C’est une production humaine et douce qui consiste à apporter de petites améliorations tous les jours de manières constante et avec une volonté inébranlable afin d’atteindre la perfection, en prenant le risque de ne jamais l’atteindre et de toujours améliorer.
Ce n’est pas un travail. Ça ne se compte pas en heure mais peut-être en minutes que chacun pourra exploiter demain, après-demain, dans 10 ans, … créant de vrais changements humains sur le long terme.
On peut l’utiliser en entreprise, mais pour que cet esprit soit installé dans un service, c’est qu’il aura d’abord eu une valeur personnel importante.
La question a se poser est alors comment donner l’information aux individus afin d’adhérer (ou non) à ce principe de vie? Ou comment développer l’esprit Kaizen au delà de la méthode?
Concrètement, ça peut être de ne pas s’attacher aux plans ou tableaux d’hier s’ils ne servent pas et les reconstruire aujourd’hui, si notre emploi du temps le permet, pour voir s’ils peuvent être plus utile.
Ou s’assoir sur le murée d’en face, lever son nez, observer son environnement, dire bonjour à son voisin et finir par avoir une conversation passionnée sur l’utilisation des gants sur son poste de travail.
Une à une, à la vitesse d’un goutte d’eau qui rempli l’océan. Rien de plus mais tout est dis.
Les 10 règles Kaizen à méditer
Mazaaki Imai diffusa les règles de Kaizen dans ces deux livres ‘Kaizen’ et ‘Gamba zaizen’ (1997). Il y définie 10 règles Kaizen comme clé du succès à long terme, toutes à méditer avant d’en saisir le sens et domaines d’application.
Une d’entre elle vous fera peut-être sourire vous rappelant une sagesse interne oubliée. Ma règle du moment est la numéro 3 : tellement vrai.
- Osez remettre en question les pratiques actuelles
- Voyez comment réussir un projet plutôt que de dire que cela ne fonctionnera jamais
- Il ne faut jamais chercher des excuses à un problème et encore moins des coupables mais remettez les pratiques actuelles en cause
- Ne visez pas la perfection du 1er coup, mais cherchez simplement l’amélioration
- N’attendez pas pour corrigez les erreurs, il faut réagir dès qu’elles apparaissent
- Prioriser les solutions qui ne nécessitent pas d’investissement
- Même si cela fonctionne bien, cherchez des idées pour toujours améliorer votre travail
- Identifiez la cause première de votre problème et posez-vous la question « pourquoi » 5 fois de suite
- Avant de prendre des décisions, demandez les idées de 10 personnes plutôt que le savoir d’une seule
- L’amélioration est infinie
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